Et si on décidait de s’inspirer du vivant pour mener à bien nos projets, ça donnerait quoi ?
C’est la question que nous avons posé aux 16 participants (étudiants, entrepreneurs, salariés…) le 12 juin dernier lors d’un atelier que nous avons organisé dans le cadre de Mouv’Outremer.
Nous vous proposons ici les grands principes clefs synthétiques et pertinents à retenir de cette réflexion collective !
S’inspirer du vivant qui fonctionne par cycles
Les cycles d’énergie
La nature alterne entre cycles de croissance et de latence. Cette cadence se retrouve dans le rythme humain et dans le déroulé des projets. Nous vivons des périodes de croissance et d’expansion, mais aussi de réflexion, de repos, d’inspiration, d’expiration. Le respect de ces cycles est important pour maintenir l’énergie des projets et des personnes qui les portent.
S’inspirer de la nature en ce sens, c’est identifier ces phases et les respecter pour ce qu’elles apportent. C’est être à l’écoute du projet, de ses acteurs et de leurs besoins du moment : sommes-nous en pleine effervescence avec un haut niveau d’énergie et un besoin de productivité, d’aller vers l’extérieur, de rencontres, de stimulation, ou plutôt en énergie basse avec un besoin de ralentir, de ressourcement, de cohésion, de prendre soin ? S’inspirer de la nature c’est s’autoriser à alterner les rythmes dans la gestion des projets.
Les cycles de ressources
Par ailleurs la nature est une mécanique bien huilée qui optimise, grâce à des cycles naturels, l’ensemble des ressources à sa disposition. La nature ne produit pas de déchet : elle sait tout utiliser et tout recycler. Chaque élément de sortie d’un système devient ressource pour un autre. La nature s’impose à ce titre comme modèle idéal d’économie circulaire.
S’inspirer de la nature en ce sens, c’est analyser l’ensemble des données de sortie des projets et réfléchir à leur compostabilité. En général lorsqu’un projet est mené à bien, on s’intéresse principalement aux livrables finaux. Mais en réalité la gestion du projet elle-même a conduit à de nombreuses productions : documentation, méthodes, rencontres, identification de lieux pour les réunions et événements. Les projets ont aussi donné lieu à des réflexions collectives, à de nouvelles idées et aussi à des « déchets de type » matériaux, à des prises de photos, d’audio, de vidéos, etc. Et si on s’assurait de donner une nouvelle vie à ces éléments ? Pour soi ou pour d’autres projets. Quelques exemples : partager la documentation et les méthodes en open source, inspirer des gens, donner les matériaux à d’autres projets qui en auraient l’usage, capitaliser sur les lieux de rencontres sur un outil collaboratif, etc
L’idée dans cette pratique est de valoriser au mieux tout ce qui est produit lors d’un projet dans un réemploi, et cela favorise de fait la coopération, le partage et encourage à la sobriété.
S’inspirer du vivant qui fonctionne par équilibres dynamiques et interconnectés
Les écosystèmes naturels sont composés d’éléments multifonctionnels, c’est-à-dire qui remplissent plusieurs fonctions à la fois. Ces éléments sont en outre interconnectés et interagissent ensemble.
S’inspirer de la nature en ce sens c’est reconnaître et accepter que l’humain, au cœur d’un projet, est à l’interface de ses différents mondes, notamment sa vie professionnelle et sa vie personnelle, forcément interconnectées, mais aussi à l’interface des différents projets qu’il peut mener en parallèle. L’idée est de ne pas cloisonner les individus, les projets, les entités, mais au contraire de tirer parti de ces différents systèmes qui coexistent et vivent en équilibre les uns avec les autres. Plutôt que de segmenter sa vie, sa semaine selon les différentes casquettes que l’on porte, l’idée est d’accueillir pleinement ces différentes facettes en tous temps et de leur permettre de s’inspirer, de se nourrir les uns les autres.
Si j’aime faire de la peinture à la maison, si je connais tout sur les recettes locales, si j’ai 4 enfants, si je parle 3 langues… en quoi ces passions, ces expériences, ces talents peuvent-ils être utiles à mon projet ? Quels sont les autres espaces de vie de mes collaborateurs ? Et en quoi cela peut-il être une source d’inspiration ou une plus-value pour notre projet ? Comment d’assurer que chacun d’entre nous puisse à la fois passer d’une posture où il va recevoir à une posture où il va transmettre ?
Les espaces à l’interface de domaines distincts et les collaborations entre acteurs sont un puissant moteur d’innovation que la nature a su exploiter. A nous d’en tirer aussi profit pour nos projets.
S’inspirer du vivant qui innove en permanence
La nature utilise les contraintes comme des opportunités, au service de la résilience et de la diversité. Il suffit de se rendre sur les coulées de lave refroidies du volcan pour voir comment la nature sait se relever après des épisodes violents. Elle s’adapte, s’ajuste, renaît littéralement de ses cendres, avec des individus plus résistants, mieux adaptés au territoire, aux contraintes.
S’inspirer de la nature en ce sens c’est concevoir les obstacles et difficultés rencontrées lors d’un projet comme des occasions de rebondir, d’innover, de se réinventer et de se renforcer. Un collaborateur abandonne le projet ? Ça déséquilibre le système, c’est un coup dur, une surcharge de travail pour les autres, mais c’est aussi l’occasion de redistribuer les rôles, d’accueillir de nouvelles énergies dans le projet, de revoir les priorités, de changer les méthodes.
L’idée est aussi, comme la nature, de se baser sur l’existant tout en étant capable de changer ses habitudes pour plus de résilience : réinventer ses habitudes de déplacement à l’ère de la préservation des ressources en énergie, changer ses habitudes de consommation lorsque l’on constate que le système n’est pas durable, etc.
L’innovation et la résilience sont en outre favorisées dans les groupes. Le groupe est plus solide, plus résistant aux aléas extérieurs que l’individu seul. C’est la force de la nature, où l’on observe des communautés, telles que les fourmilières par exemple, capables de se relever de terribles épisodes. L’idée est donc de favoriser les gestions de projets collaboratifs, ancrés dans leur écosystème et résilients par le nombre et par la qualité des interactions internes externes, où l’entraide et la solidarité entre individus contribuent à résilience et à innovation.
S’inspirer du vivant qui privilégie les ressources locales
La nature est régie par un principe de base de bon sens : l’économie d’énergie. Les systèmes naturels sont conçus de façon à optimiser leurs dépenses d’énergie pour vivre et se développer, notamment en privilégiant les ressources locales. Si les périodes de raréfactions de ressources ou de changements d’environnements poussent parfois les animaux à migrer, y compris sur de grandes distances, la plupart des éléments de la nature ont pour paradigme une forme d’immobilisme et d’utilisation de l’existant à proximité. La notion de local pouvant varier selon les espèces et les individus.
S’inspirer de la nature en ce sens c’est s’appuyer en priorité sur les potentialités locales pour mener à bien son projet. Avec l’avènement d’internet il est parfois devenu plus simple au sens de plus rapide de faire appel à un fournisseur basé très loin pour son projet. Or, c’est oublier le coût énergétique de tels contacts géographiquement éloignés. L’idée est de recréer des écosystèmes interconnectés à l’échelle d’un territoire. Dans un projet, l’idée est d’identifier les entreprises et personnes autour de soi, dans sa famille, son quartier, sa ville, son île qui peuvent être fournisseurs, salariés, clients, prestataires, financeurs, etc pour recréer les écosystèmes naturels au niveau économique. Ce faisant, la réussite d’un projet contribue directement à de multiples niveaux au développement du territoire d’ancrage du projet.
Pour conclure, la nature nous offre au quotidien de nombreuses sources d’inspirations. Pour qui sait l’observer et en retirer les précieux conseils, elle peut être à l’origine de nouveaux paradigmes en matière de gestion de projets et contribuer à ce que nous mettions en œuvre des projets plus durables, plus innovants et plus résilients.